
Le retour des droits de douane – le moyen de pression privilégié de Trump
L’annonce a fait l’effet d’une bombe : le président américain Donald Trump a récemment annoncé des droits de douane sur les importations de voitures aux États-Unis. « Leur taux avoisinera les 25 %. » Les tarifs douaniers sont l’un des moyens de pression préférés de Donald Trump. Tarifs protecteurs, tarifs spéciaux, tarifs additionnels : la situation géopolitique actuelle semble être caractérisée presque quotidiennement par des régions économiques qui érigent des barrières commerciales au détriment de partenaires commerciaux de longue date.
Jusqu’à présent, le gouvernement américain a mis en place des droits de douane supplémentaires de 10 % sur les produits chinois. Des droits de douane de 25 % sur les importations d’aluminium et d’acier ont été annoncés pour le mois de mars. Les mêmes droits de douane ont également été avancés pour le Mexique et le Canada dès les premiers jours de son mandat. En outre, Trump a récemment signé un décret visant à augmenter les tarifs douaniers sur tous les produits pour lesquels les États-Unis facturent actuellement moins que leurs partenaires commerciaux.
L’objectif avoué, selon le gouvernement américain, est de réduire la dépendance des États-Unis envers les producteurs étrangers tout en créant des emplois aux États-Unis. Enfin de compte, Trump veut « reconstruire » l’industrie nationale, durement touchée par la perte d’emplois depuis les premiers jours de la mondialisation. Avec leur protectionnisme et leur justification douteuse de sécurité nationale, les États-Unis érigent des murs pour protéger leur industrie nationale. Il est peu probable que cela ramène réellement aux États-Unis les emplois qui, au fil des ans, ont été délocalisés à l’étranger.
Principes des douanes
Le terme de « douane » (pluriel : « douanes », dérivé du latin tardif, teloneum) désigne une taxe exigée lorsque des marchandises franchissent une frontière douanière. La douane est un instrument de la politique commerciale extérieure. Historiquement, elle se présentait sous la forme d’un droit de passage.
Les droits de douane sont perçus sur la valeur dite douanière. Il s’agit du prix de transaction convenu ou à payer entre deux partenaires commerciaux, y compris les coûts supplémentaires liés à l’importation (le transport, l’assurance, etc.) jusqu’à la frontière douanière du lieu de destination.
Alors qu’à l’année de création du GATT, les taux de droits de douane entre les partenaires contractuels du monde entier s’élevaient en moyenne à 45 %, les droits de douane sur les produits industriels ont été réduits depuis, avec succès, à environ 4,7 %. Ils sont basés sur le principe de la nation la plus favorisée prescrit par l’OMC (l’organisation qui a succédé au GATT). En vertu de ce principe, tout avantage, privilège, prérogative ou exonération accordé par un État pour un produit est immédiatement et sans condition accordé pour tous les produits similaires en provenance de tous les pays. Comme on le sait, la Suisse a complètement supprimé l’ensemble des taxes douanières sur les produits industriels depuis 2024.
Impact sur les exportations
Les pays orientés vers l’exportation génèrent la majeure partie de leur valeur ajoutée à l’étranger. Ils dépendent des ventes aux États-Unis et ne peuvent répercuter les coûts supplémentaires causés par les tarifs douaniers que dans une certaine mesure sur les consommateurs. Une grande partie des droits de douane payés reste donc à la charge de l’exportateur et réduit sa compétitivité.
La Suisse serait particulièrement touchée par les droits de douane sur les produits pharmaceutiques. Ces derniers représentent 60% de l’ensemble des exportations suisses vers les États-Unis, fournisseurs compris. De même, les fournisseurs suisses de l’industrie automobile devraient également ressentir les effets d’un ralentissement des exportations de véhicules européens vers les Etats-Unis.
Érosion du système commercial mondial
L’érosion constante du système commercial mondial fondé sur des règles a été observée depuis le premier mandat de Trump. Lorsqu’un membre de l’OMC impose des droits de douane punitifs, les pays concernés peuvent porter plainte. En 2018, par exemple, sous la présidence de Trump, les États-Unis avaient imposé un tarif de 25 % sur les produits en acier et en aluminium, invoquant des raisons de sécurité nationale. Plusieurs États avaient alors intenté des poursuites.
En 2022, le tribunal arbitral de l’OMC a statué en leur faveur et a déclaré ces droits de douane, illégaux. Par conséquent, les tarifs douaniers devraient être adaptés de jure, sinon les pays défavorisés pourraient réclamer le montant de leurs pertes. Cependant, les États-Unis ont non seulement fait appel contre cette décision, mais ils bloquent depuis de nombreuses années la nomination d’un nouvel organe d’appel pour imposer des réformes. Par conséquent, l’instance ne fonctionne pas et l’affaire reste en suspens.
Perspectives
En matière de politique commerciale, Trump mise sur les droits de douane. D’autres mesures devraient être annoncées début avril.
Dès lors, l’imprévisibilité liée à l’incertitude des conditions-cadres futures augmente. Les mesures et contre-mesures pourraient s’intensifier. Ainsi, en plus des exportateurs et des consommateurs, tout le monde pourrait se retrouver perdant.
Si un autre pays imposait en retour des droits de douane sur les marchandises américaines, Trump répondrait par des droits de douane réciproques (« reciprocal tariffs »). « Si on nous fait payer, nous leur ferons payer», a déclaré le président républicain.
La Chine et l’UE ont mis en garde contre une récession mondiale en raison des tarifs douaniers déjà imposés ou prévus par Trump. Les États-Unis auraient « imposé ou encore menacé d’introduire des droits de douane de manière unilatérale et arbitraire à leurs partenaires commerciaux, dont la Chine, violant ainsi de manière flagrante les règles de l’OMC ».