Une frontière étroite entre problèmes et potentiel

L’économie chinoise a enregistré une croissance de 3 % l’année dernière, mais cette année, une forte reprise est attendue grâce à la levée des restrictions liées à la pandémie. Selon le Fonds monétaire international (FMI), la Chine, et avec elle l’Asie, continuera d’afficher les taux de croissance réels les plus élevés à moyen et long terme.

La seule autre région qui peut rivaliser avec l’Asie est l’Afrique. L’Éthiopie, la Tanzanie ou la République démocratique du Congo, par exemple, devraient connaître une croissance moyenne de plus de 6 % par an, selon les prévisions du FMI. Toutefois, l’accès au marché s’avère difficile, y compris en ce qui concerne les marchés des changes. Les marchés des capitaux en Afrique sont souvent sous-développés, la liquidité des monnaies locales est faible et les instruments de couverture du risque de change n’existent pas ou ne sont disponibles que pour des durées limitées. Cela complique les investissements et la circulation des marchandises, en plus des difficultés administratives, politiques et institutionnelles liées à la gestion des opportunités africaines.

Bien sûr, il existe de fortes différences entre les pays. Certains ont réussi à se faire une place sur les marchés « frontières », c’est-à-dire les pays qui représentent la limite de l’univers pouvant être investi sur les marchés financiers, mais la vie à la frontière est rude d’un point de vue du change. Le naira nigérian a d’abord été stable par rapport au dollar américain au cours du premier semestre 2022, mais a ensuite connu des baisses erratiques. Le marché parallèle et les opérations à terme indiquent de fortes pertes de cours supplémentaires ou une dévaluation potentielle. L’Égypte a dévalué sa monnaie à trois reprises au cours des 12 derniers mois, ce qui fait que la livre égyptienne vaut désormais, en valeur nominale, environ la moitié de ce qu’elle valait il y a un an. Mais derrière les dévaluations égyptiennes se cache aussi le projet de s’éloigner de l’ancrage au dollar et d’assouplir le taux de change de la livre – une exigence clé du FMI, qui a mis en place un nouveau programme avec le gouvernement égyptien l’année dernière. Un taux de change de la livre égyptienne qui reflète mieux les réalités économiques et les rapports entre l’offre et la demande devrait faciliter les échanges commerciaux avec l’Égypte à moyen terme.

L’Afrique du Sud dispose d’un marché des capitaux local profond et d’une banque centrale très respectée, et le rand sud-africain sert aussi aux investisseurs à exprimer des opinions sur les pays émergents en général. Bien qu’étant l’économie la plus industrialisée d’Afrique, il reste néanmoins un seuil à franchir pour se démarquer des pays émergents : le manque de production d’électricité laisse régulièrement une grande partie du pays dans l’obscurité et le système de transport est en mauvais état, ce qui a des répercussions négatives sur l’activité économique. Cependant, les problèmes engendrent aussi des opportunités : l’autoproduction d’électricité et l’extension du réseau électrique sont des points clés qui devraient être familiers aux entreprises européennes. En ce qui concerne le rand, il faudrait toutefois aussi tenir compte de l’évolution des marchés financiers mondiaux, qui ont souvent plus d’influence sur la monnaie que les conditions locales.