Pologne, Hongrie: un avenir avec et au sein de l’Europe, malgré les divergences

Unanimité et coexistence harmonieuse – des objectifs nobles, mais, hélas, souvent difficiles à atteindre dans l’Union européenne. Si l’on ne souhaite pas quitter le navire, comme les Britanniques, il ne reste que la discussion, l’affirmation des valeurs communes et le recours au cadre réglementaire de la communauté des États. Les rapports entre l’UE et certains de ses membres d’Europe de l’Est (Pologne et Hongrie, notamment), illustrent bien les problèmes qui peuvent en résulter.

L’UE prend beaucoup de décisions capitales à l’unanimité. Par conséquent, certains États peuvent  retarder les processus paneuropéens ou même menacer de quitter l’UE. La Hongrie et la Pologne s’y sont longtemps refusées, craignant de se voir privées de fonds.

L’«arme nucléaire» que représente, pour l’UE, l’article 7 (qui peut conduire à une restriction des droits des membres) a déjà été activée contre ces deux pays, mais ses répercussions restent vagues. Les procédures d’infraction au traité de la Commission européenne ont en revanche des effets plus visibles, (sanctions pécuniaires). Dès lors, bien que les tensions entre l’UE et les gouvernements polonais et hongrois ne datent pas d’hier, la question du «Polexit» est en tout cas de plus en plus évoquée.

Quels que soient les différends, il convient de ne pas perdre de vue les côtés positifs des relations. Les fonds de l’UE encouragent l’alignement des niveaux de vie sur celui des États membres de l’Ouest de l’Union; la Pologne a ainsi connu une croissance supérieure à la moyenne européenne depuis son entrée dans l’UE.

Lors d’une crise, l’appartenance à l’UE est aussi un avantage. Dans le cadre du plan de relance NextGenerationEU, 23,9 milliards d’euros de subventions sont versés à la Pologne (environ 4,5% du produit intérieur brut 2020) et 7,2 milliards d’euros à la Hongrie (5,5%). Certains États d’Europe de l’Est pourraient aussi avoir accès à moins de vaccins sans l’intervention de l’UE. 

Sur le plan du commerce, 80% des exportations et 69% des importations polonaises se font vers ou de l’UE. Pour la Hongrie, ces chiffres sont 82% et 75%. L’Europe de l’Est est très liée au marché intérieur européen – trop, selon nous, pour que les gouvernements puissent sérieusement envisager une sortie de l’UE sans devoir justifier des pertes économiques prohibitives auprès de leurs populations. Nous tablons donc finalement sur des compromis typiquement européens, même si le durcissement des positions pourrait durer longtemps. Donc, un avenir avec et au sein de l’Europe. Qu’est-ce que cela signifie pour les devises de la région? La volatilité persistera en raison de différences politiques et de dynamiques d’inflation et de politique monétaire divergentes. Mais contrairement aux devises des États non membres de l’UE, elles devraient profiter d’une plus grande stabilité par rapport à l’euro sur le long terme, grâce aux fonds de l’UE, aux liens économiques, et surtout, aux contrôles et équilibres prévus par les traités de l’UE.